L’œuvre se constitue d’abord du son capté par un hydrophone inséré dans une formation de glace dans le port de Melbu au nord de la Norvège. Les 4’36’’ d’enregistrement correspondent au temps qu’il a fallu pour que la glace se fige autour du micropho-ne. La seconde partie de l’œuvre est l’onde de fréquence du son enregistré reproduite au graphite sur le mur de la galerie.

Le bruissement sourd de la glace n’est sans doute d’abord rien d’autre qu’un bruit discret quasi imperceptible à l’oreille, de ces bruits de la nature que, faute d’attention, nous ne percevons guère. Détaché de toute référence, il possède déjà son propre tim-bre, ses propres modulations, sa musicalité. Certes, il n’est rien d’humain, rien d’intentionnel. Il n’a pas été composé. Mais ce bruissement n’en existe pas moins comme un élément de notre environnement, comme une présence. Il nous appartient alors de choisir de l’écouter et, à travers lui, d’entamer le dialogue avec ce qui a lieu ou bien de le rejeter, de choisir de l’ignorer comme une sorte de parasite sonore. La question se pose alors de notre capacité à accueillir ce que nous ne comprenons pas, ce qui nous est étranger.

S’il faut maintenant rechercher un sens à tout cela, rapporter l’on-de de fréquence de la formation de la glace à nos propres préoccu-pations, il apparaîtra bien vite qu’elle évoque l’évo-lution de la banquise, le mouvement de gel et de dégel, dont l’avenir écologi-que de notre planète dépend. Mais qu’importe, s’il faut invoquer quelque catastrophe imminente pour éveiller notre attention au monde, sans doute sera-t-il toujours trop tard.

(Thierry Cattan)
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